Jean-Yves Leandri, vous voilà installé pour un nouveau mandat de six ans. Comment se sont déroulées les élections ?
Elles ont lieu dans un contexte très particulier cette année qui était assez morbide. Nous étions au début d’une crise sanitaire qui d’ailleurs est loin d’être terminée.
Mais malgré cela, à Granace, une nouvelle municipalité a été élu, un conseil municipal totalement renouvelé s’est mis en place. Il est marqué par une très grande féminisation avec deux adjointes et deux conseillères femmes. C’est une volonté politique nette que j’ai voulu affirmer. Elles y ont des responsabilités majeures qu’elles accomplissent avec enthousiasme et compétence. Comme d’ailleurs les deux membres masculins du conseil ! (Rires.) Je veux vraiment leur rendre hommage à toutes et à tous. J’ai la chance d’avoir des collaborateurs de grande qualité.
Granace ces jours-ci est visible dans la micro région par plusieurs affiches qui annoncent des activités déjà cet été. Vous vous êtes donc mis très vite au travail ?
Nous avons voulu marquer d’emblée un changement en prenant des initiatives immédiates.
En effet, cette semaine fleurissent un peu partout des affiches invitant à la foire artisanale du 7 août et au marché de production agricole qui aura lieu tous les vendredis. Ceci n’avait jamais eu lieu dans notre village. C’est notre rôle de rendre visibles ceux qui travaillent et qui ne sont pas dans les grands circuits de production et de distribution. C’est notre façon pour leur donner à notre échelle les moyens d’exister ainsi qu’une reconnaissance de leur travail. Nous avons sur ce point était très rigoureux dans la sélection des exposants avec un cahier des charges contraignant, attestant de leur implication dans le tissu économique local et que que nous leur avons fait signer. Tout est en place et nous faisons tout pour que l’ambiance y soit amical et festive.Ceci dit toutes les festivités du village ce font en partenariat avec le nouveau comité des fêtes de Granace et son nouveau Président Mr André Mozziconacci.
Vous avez été élu à une vice-présidence de la communauté des communes , comment concevez-vous votre rôle ?
Pour être clair sur ce point, revenons aux principes même : nos citoyens nous élisent pour les représenter. Dans le village et hors du village. Dans le village nous avons une politique d’accompagnement pour que personne ne soit laissé au bord du chemin et pour que les citoyens soient en permanence informés et impliqués dans les décisions. Hors du village je défendrai les intérêts de la commune que je représente et plus globalement ceux de notre micro région. Il n’y a pas de posture ou d’ambition personnelle à avoir. Toutes ces instances sont des outils dont nous devons nous saisir pour servir nos concitoyens. C’est pour cela que nous avons été élus. Pour servir le bien commun. Nous ne représentons pas nous-mêmes, nous représentons des citoyens qui nous ont démocratiquement choisi.
Toutes les instances dont vous parlez, en quoi ont-elles un impact sur la vie de votre village ?
Elles sont aujourd’hui essentielles. Un village n’est pas une entité isolée. Il est pris dans un contexte général. Si on veut par exemple avoir une politique nouvelle de ramassage des ordures, ce qui est notre cas, nous devons passer par la communauté des communes. Ici nous allons mettre en place un système individuel de tri sélectif pour éviter les amoncellement barbares qui maculent nos villages. Et bien, pour cela la communauté des communes est un passage obligé. Elle dispose de moyens dont jamais un village ne pourrait disposer. C’est la même chose avec le syndicat d’électrification. Nous allons faire enterrer toutes les lignes électriques. Jamais un village seul ne pourrait réaliser une telle entreprise. Nous avons par exemple aussi fait entrer Granace dans le parc naturel régional. Cela va nous donner encore des outils indispensables dans certains projets que nous comptons mettre en place dans le cadre d’une redéfinition et d’une recomposition de l’espace et de la biodiversité locale. C’est pourquoi je participe à toutes ces instances. C’est d’ailleurs passionnant. On n’y apprend énormément de choses avec des gens dévoués et compétents. Les retombées pour le village et pour la vallée sont toujours bénéfiques.
J’ai vu aussi au passage que le stationnement à Granace va être soumis à un contrôle rigoureux
Oui ! Mais il ne faut pas le présenter comme ça ! Vous allez faire peur à tout le monde ! (rires) D’abord il est vrai qu’il s’agit d’un simple respect de la loi. On ne stationne pas sur la voie publique ! (Rires) Nos villages ont changé depuis le temps des cabriolets ! Les voitures, avec deux ou trois véhicules par famille, on finit par envahir l’espace. A Granace un arrêté a été pris, Il a été visé en Préfecture et il va en effet interdire le stationnement en dehors des lieux autorisés. Nous allons trouver des solutions individuelles là où cela peut poser problème. Mais cela n’est pas une mesure qu’il faut prendre sous un angle autoritaire ou répressif. C’est une simple question de civisme. Et le civisme, le respect des autres, ça commence parfois par des petits gestes simples qui améliorent au quotidien notre vie en commun. Vous ne pensez pas ?
En effet. Mais vous venez déjà de prendre en filigrane des positions que l’on peut qualifier de politiques : le féminisme, le développement d’une économie locale, la démocratie, le respect de la loi, la solidarité, l’écologie. Pouvez-vous nous en dire plus ?
D’une manière générale je pense, mais c’est un sentiment partagé par beaucoup évidemment, que nous vivons un tournant dans l’histoire. Il y a eu cette pandémie mondiale et maintenant une crise économique majeure qui va produire des effets dévastateurs. Alors oui, le système économique actuel s’effondre sous nos yeux dans le désastre d’une crise sanitaire qui sème la mort.
Qu’est-ce qu’il va en sortir ? Du mieux ? Du pire ? Qu’en savons-nous ? Ma position est claire. Je suis du côté de ceux qui prônent la décroissance, la déglobalisation, l’ecoféminisme, la souveraineté alimentaire et économique et une vie en commun harmonieuse fondée sur le civisme et la justice sociale. Ce sont les seules valeurs qui à mon avis peuvent nous sauver d’un désastre final.
Alors, maintenant, en quoi notre petit village peut-t-il y jouer son rôle ? Et bien précisément en répondant localement à un défi global.
Car dans cette crise globale, systémique, la dimension locale et collective va acquérir une importance cruciale. Et je souhaite en effet que Granace dans ce nouveau contexte soit un modèle de gestion mais aussi un exemple d’innovation, en promouvant une écologie locale, en devenant un village écologique, un écovillage, un village où joue pleinement la solidarité, en construisant un village fondé sur des valeurs démocratiques, sociales, féministes, culturelles et écologiques. Et il n'y aura jamais sous mon autorité de distinction de classe, de genre, d'origine ou de culture.
Tout cela semble très clair en effet dans votre esprit. Vous avez d’ailleurs fait une déclaration solennelle sur ce thème le jour de l’installation du conseil municipal à laquelle j’ai assisté. Mais concrètement comment comptez-vous avancer dans cette direction ?
Nous avons une plate-forme en 10 points qui va dans ce sens et qui nous engage auprès de nos concitoyens. Et le conseil municipal est déjà très actif. Ce sont les éléments qui vont structurer le village de demain. C’est notre décalogue en quelque sorte… (Rires)
Oui justement, je souhaiterais en savoir plus à ce sujet.
Nous prévoyons dans les deux ans à venir de jeter les bases de ce que sera le nouveau visage de Granace.
Il y a un premier volet qui vise à améliorer la vie quotidienne :
-Réaliser les travaux sur la RD 48 pour asphalter un tronçon qui est très dangereux.
–Une gestion des déchets avec un ramassage individualisé et responsable
– La construction de stations d’épurations qui vont permettre l’assainissement totale des eaux usées, véritable fléau sanitaire.
–Le stationnement, dont nous avons parlé, avec un respect absolu des règles.
–L’enterrement des lignes électriques et la réfection du rond-point à l’entrée du village. Il faut toujours veiller à l’embellissement du village et aux soins porter à l’esthétique générale.
Et puis il y a un deuxième volet extrêmement important qui va donner son sens à la vie en commun.
–La création d’un jardin communautaire pour assurer la production et l’autonomie alimentaire du village avec un espace rural dédié à la permaculture culture ainsi qu’à la recréation de la biodiversité.
–La création d’un logement communal et d’un centre culturel afin de faire du village un lieu vivant et actif pour revivifier le tissu social et créer une vie culturelle.
–La réouverture des chemins et la remise en fonctionnement des sources et des fontaines dans et autour du village pour recréer les conditions d’une circulation et d’une découverte pédestre qui permet de préserver et de recréer l’écosystème et de favoriser la découverte patrimoniale.
–Une attention particulière à l’équilibre social au sein de la communauté pour permettre à chaque personne en situation de difficulté de vivre dignement au village.
–Un pôle de développement culturel par lequel nous nous doterons des outils nécessaires à la création d’activités dans tous les secteurs. il y aura un espace muséographique, un lieu d'expositions et un espace scénique équipé pour implanter des activités de danse, musique, théâtre, arts plastiques, ainsi que des cycles de conférences avec des intervenants spécialistes de leur domaine.,
Voyez, le chantier est immense ! Nous y sommes déjà immergés. Les choses avancent bon train. C’est pour cela d’ailleurs que nous avons besoin de toutes les institutions, de tous les outils administratifs dont nous parlions tout à l’heure. Et sans lesquels le village seul ne pourrait tout simplement rien faire.
Tout ce que vous dites est en effet important, essentiel pour que nos villages puissent continuer à vivre. Mais, rien n’est simple dans ce domaine, vous le savez.
Oui. Vous avez raison !
Chacun au village sait qu’il peut compter sur ma présence, et sur l’implication totale de tous les membres du conseil municipal. Nous expliquons nos décisions. Nous travaillons dans le dialogue permanent et dans le consensus le plus large possible. C'est aussi cela notre façon de respecter les règles de la démocratie.
Cependant, oui… C’est vrai… On se heurte parfois à l’immobilisme, à l’individualisme, à la résignation, au pessimisme, au défaitisme, au laisser aller de certains et parfois même pire : c’est le sarcasme, la zizanie, l’ironie, la raillerie, la moquerie, la jalousie.
Tout cela je le connais bien. Mais il n’y a de combats perdus que ceux que l’on ne mène pas. Nos citoyens nous ont élus, ils nous ont donné leur confiance. Nous avons mandat pour réaliser les conditions du bien commun. Et nous le ferons. Pour notre village, pour l’honneur de ses citoyens et pour un monde meilleur.
Vous êtes un personnage public, mais vous êtes aussi une personne privée. Puis-je vous poser une question personnelle ?
Allez-y ! On verra bien ! (Rires)
Non, non, il ne faut pas vous inquiéter…Si Jean-Yves Leandri, en dehors de ses activités de maire, devait choisir un loisir à réaliser, lequel serait-il ?
Outre de consacrer plus de temps à ma famille et à mes proches, j’aimerais commencer à lire la pile de romans qui m’attend à mon chevet et que je n’ai pas encore eu le temps d’ouvrir ! J aimerais aussi retourner voir de beaux matchs de foot et surtout aller voir des concerts de Bruce Springsteen mais ceci n est pas trop d actualité vu la conjoncture sanitaire qui j espère disparaîtra très vite .
Merci pour votre temps, Monsieur le maire. Et bonne chance pour votre gestion.
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